Le
début de l’Univers et le paradoxe d’Olbers
L’Univers n’a pas
toujours existé
Comme Edwin
Hubble l’a découvert au début du siècle dernier, les galaxies s’éloignent les
unes des autres et l’Univers est en expansion. Imaginons qu’il
soit possible d’inverser le cours des choses et de remonter dans le temps.
Au lieu de
s’éloigner, les galaxies se rapprocheraient les unes des autres et l’Univers
semblerait être en contraction. La distance moyenne entre les galaxies
diminuerait et il arriverait un moment où les galaxies se confondraient. Cette
description est évidemment un peu naïve car elle suppose que les galaxies ne
sont pas affectées par la contraction, mais elle met en évidence le fait qu’il
n’est pas possible de remonter de façon arbitraire dans le passé sans heurter
une limite.
Cet instant où
les galaxies se confondent correspond à un début de l’Univers. Contrairement à
ce que Newton et Einstein pensaient, l’Univers n’est pas invariable
dans le temps et n’a pas toujours existé. Au contraire, il possède une histoire
que l’on pourrait qualifier de relativement courte puisqu’elle n’a que 13,7 milliards d’années.
Le paradoxe
d’Olbers
Le fait que
l’Univers a un âge fini apporte un éclairage nouveau sur un problème
relativement ancien d’abord posé par Kepler et repris en termes plus précis par
Heinrich Olbers en 1826. Ce problème est connu sous le nom de paradoxe d’Olbers
et s’énonce ainsi : pourquoi le ciel est-il noir la nuit ?
Imaginez que vous
vous trouviez au centre d’une forêt assez dense. Entre les troncs relativement
proches, vous pouvez apercevoir des arbres plus éloignés. Entre les interstices
laissés par ces derniers, vous pouvez distinguer quelques arbres encore plus
lointains, et ainsi de suite. Quelle que soit sa direction, votre regard finit
toujours par rencontrer un arbre et vous ne pourrez donc observer ni les
limites de la forêt, ni au-delà.
Jusqu’au début du
XXe siècle, les astronomes considéraient que la situation était équivalente si
l’on considérait les étoiles dans l’Univers. A cette époque, l’Univers était
considéré comme statique, éternel, homogène et infini. Avec ces propriétés, les
étoiles de l’Univers devaient se comporter comme les arbres de la forêt. Notre
regard, peu importe sa direction, finissait toujours par aboutir à une étoile.
Tous les points de la voûte céleste devaient donc briller et, par conséquent,
le ciel nocturne aurait dû présenter une forte luminosité. Ceci n’est
évidemment pas le cas, d’où le paradoxe.
Olbers proposa
l’explication suivante au paradoxe en 1826 : le ciel nocturne était noir parce
que la matière interstellaire absorbait le rayonnement des étoiles et
affaiblissait donc leur lumière. Cependant, comme le stipule la
thermodynamique, l’énergie doit toujours se conserver. Ainsi, le rayonnement
absorbé par le milieu interstellaire devait être réémis sous une forme ou une
autre et l’explication d’Olbers ne tenait pas.
Une autre
explication consista à dire que les étoiles n’étaient pas réparties
uniformément puisqu’elles se regroupaient dans des galaxies. Mais cette solution
n’était pas non plus satisfaisante car le raisonnement menant au paradoxe
pouvait très bien s’appliquer aux galaxies elles-mêmes.
Le paradoxe
d’Olbers expliqué
C’est en fait
dans l’âge fini de l’Univers qu’il faut chercher la solution au paradoxe
d’Olbers. En effet, comme l’Univers n’est âgé que d’environ 13,7 milliards
d’années, la lumière, dont la vitesse est finie, n’a pu parcourir
depuis sa naissance qu’une distance finie et il nous est impossible d’observer
des objets plus éloignés que cette valeur maximale.
L’explication du
paradoxe devient alors très simple : les galaxies qui sont au-delà de cette
limite maximale nous sont inaccessibles et ne contribuent par à la brillance du
ciel. Il reste donc des directions de la voûte étoilée dans lesquelles notre
regard ne rencontre absolument rien. Le raisonnement d’Olbers ne tient plus et
le paradoxe est levé : le ciel est noir pendant la nuit car il reste un grand
nombre d’intervalles vides dans la distribution des galaxies observables.
Remarquons encore
qu’une deuxième explication vient se greffer sur la précédente. Du fait de
l’ expansion de l’Univers, le rayonnement
provenant des galaxies lointaines est affaibli par le décalage vers le rouge.
Cela signifie que plus une galaxie est éloignée, plus sa contribution à l’éclat
du ciel est faible.
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