L’âge
de l’Univers par ses constituants
L’estimation de
l’âge de l’Univers basée sur la constante de Hubble repose
sur une approche cosmologique et sur l’hypothèse que notre description de
l’évolution de l’Univers est correcte. Il convient donc d’essayer de vérifier
cette estimation de façon indépendante. La nature fait bien les choses puisque
l’expansion de l’Univers n’est pas le
seul moyen que nous avons à notre disposition.
Une image de
l’Univers lointain prise par le télescope spatial Hubble en 2004. Les galaxies
les plus petites sur l’image existaient lorsque l’Univers n’était âgé que de
800 millions d’années. Crédit :NASA/ESA/HUDF/S.
Beckwith
L’âge par la
physique stellaire
Nous pouvons par
exemple considérer les amas d’étoiles. Les astrophysiciens ont à leur
disposition un moyen de déterminer l’âge d’un amas avec une précision de l’ordre
de 10 pour cent en étudiant la forme de sa séquence principale. Il suffit d’utiliser
cette méthode pour essayer de trouver l’âge des plus vieux amas d’étoiles de
l’Univers, ce qui nous fournit une nouvelle évaluation minimale de l’âge
de ce dernier indépendante de considérations cosmologiques.
L’analyse d’amas
globulaires par cette technique a fournit une gamme d’âge assez large, entre 11
et 13 milliards d’années. L’imprécision provient de la méthode employée ainsi
que de l’incertitude sur la distance des amas observés.
Une méthode
similaire consiste à observer des étoiles individuellement. On peut citer
un résultat du télescope spatial qui en 2002 se tourna vers l’amas
globulaire M4, le plus proche de la Terre, à une distance de 5600
années-lumière. Le télescope analysa la lumière de naines blanches extrêmement
âgées et permit la détermination de leur âge : entre 12 et 13 milliards d’années.
L’âge par la
physique nucléaire
Nous pouvons
aussi considérer des constituants plus fondamentaux : les noyaux atomiques.
Comme les protons et neutrons qui constituent les noyaux ont une faible
probabilité de se transformer les uns en les autres, les noyaux atomiques
ne sont pas stables. Le temps caractéristique de leur évolution est appelé la
période et on la définit comme l’intervalle de temps nécessaire pour que la
moitié des noyaux d’un échantillon se soit transformée.
Pour
l’uranium-235, par exemple, cette période est d’environ un milliard d’années.
Si vous isolez un échantillon de 1000 noyaux d’uranium-235 à un temps donné, il
ne restera que 500 noyaux de ce type après un milliard d’années, 250 après deux
milliards, 125 après trois milliards et ainsi de suite.
Le mécanisme
précédent peut nous permettre de déterminer l’âge des noyaux les plus anciens.
Considérons par exemple l’uranium. Il existe dans la nature deux types
principaux de noyaux d’uranium qui se distinguent par leur nombre de neutrons .
Ainsi, un noyau d’uranium-235 contient 143 neutrons alors qu’un noyau
d’uranium-238 en possède 146. Du fait de leur structure légèrement différente,
ces deux noyaux ont une période différente : un milliard d’années pour
l’uranium-235 et plus de six milliards pour l’uranium-238.
Si nous isolions
un échantillon contenant une quantité identique des deux types de noyaux, nous
nous retrouverions après un milliard d’années avec deux fois moins de noyaux
d’uranium-235, mais avec un nombre de noyaux d’uranium-238 qui aura beaucoup
moins changé. L’abondance relative des deux types change donc de manière
prévisible. En mesurant l’abondance relative actuelle et en faisant une
hypothèse sur l’abondance relative juste après le Big Bang, nous pouvons directement
évaluer l’époque à laquelle les noyaux se sont formés.
Les estimations
d’âge basées sur les noyaux atomiques sont malheureusement très imprécises,
mais elles fournissent une estimation indépendante des autres méthodes. Les
mesures d’abondances de divers noyaux comme l’uranium, le thorium, l’osmium ou
le rhénium indiquent un âge compris entre 12 et 16 milliards d’années.
Toutes les
méthodes s’accordent
De ces mesures,
nous pouvons tirer une conclusion très importante. Toutes les estimations de
l’âge de l’Univers, que ce soit d’après les modèles cosmologiques,
les amas d’étoiles, les naines blanches ou les noyaux atomiques, sont en gros
cohérentes entre elles. Aucune méthode ne donne un âge beaucoup plus grand ou
petit que les autres, ce qui aurait pu se produire. Cet accord ne peut que renforcer
notre confiance dans la vision actuelle de l’Univers que l’astrophysique nous
propose.
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de l’Univers par la constante de Hubble L’accélération
de l’expansion et l’énergie noire >>>
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