L’origine
des sursauts gamma
La mission Swift
Les observations
du sursaut gamma GRB 970228 et
d’autres qui suivirent permirent d’éliminer les théories qui faisaient appel au nuage d’Oort ou à des
astres de la Galaxie. La nature cosmologique des sursauts ne
fait plus de doute grâce à l’observation de leur décalage vers le rouge.
Notre
compréhension des sursauts gamma a fait un bond en avant avec le satellite américain
Swift lancé en novembre 2004 et toujours en opération. Ce satellite emporte
avec lui trois instruments : BAT, un capteur de rayons gamma capable de
surveiller simultanément un sixième du ciel, XRT, un détecteur de rayons X, et
UVOT, un télescope d’observation dans l’ultraviolet et le domaine visible.
La particularité
de ce satellite est d’être capable de se réorienter très rapidement (swiftly en
anglais, d’où le nom). Aussitôt après la détection d’un sursaut gamma par BAT,
le satellite peut se tourner vers la source en question de façon précise en
quelques dizaines de secondes à peine. Ceci permet aux deux autres instruments,
dont le champ de vision est beaucoup plus restreint, de contribuer à l’étude du
sursaut et de sarémanence. En même temps, toutes les
données recueillies par Swift sont retransmises rapidement vers le sol où un
suivi rapide par les télescopes terrestres peut être organisé.
Grâce à un
détecteur de rayons gamma cinq fois plus sensible que celui de Compton, Swift a detecté plus de 500
sursauts gamma. La combinaison de trois instruments travaillant dans des
longueurs d’ondes différentes a produit des informations précises sur la
localisation des sursauts, leurs caractéristiques spectrales et l’évolution dans
le temps de l’émission initiale et de la rémanence.
Grâce à toutes
ces observations les astrophysiciens ont maintenant une bonne compréhension de
l’origine des sursauts gamma. En fait, il y a même deux origines, l’une pour
les sursauts gamma courts, c’est-à-dire d’une durée de moins de deux secondes,
l’autre pour les sursauts gamma longs.
Rémanence en lumière
visible du sursaut GRB 990123 observée par le télescope spatial en 1999, deux
semaines après l’émission de rayons gamma. On aperçoit la galaxie lointaine
d’où provient le sursaut et sa forme étrange suggère la possibilité d’une
collision passée avec une autre galaxie. Crédit : A.
Fruchter/STScI/NASA
Les étoiles à
neutrons
La source des
sursauts gamma courts serait des couples d’étoiles à neutrons en orbite l’une
autour de l’autre. La théorie de la relativité
générale montre que dans une telle situation, les deux étoiles perdent
rapidement de l’énergie sous forme d’ondes gravitationnelles. Avec le temps,
la baisse d’énergie du couple conduit à une diminution inexorable de la
distance qui les sépare. Le ballet se conclut lorsque les deux corps entrent en
collision pour fusionner ou donner naissance à un trou noir. Ce phénomène produit une énergie
phénoménale qui pourrait expliquer les sursauts gamma courts.
Les hypernovae
Pour
les sursauts gamma longs, l’explication fait appel au concept d’hypernova,
une version extrême de la supernova. Une hypernova se produirait lors de la disparition
des étoiles les plus massives, d’au moins quarante fois la masse du Soleil.
Rappelons que les
étoiles massives finissent leur existence par un effondrement gravitationnel qui conduit à la
formation d’une étoile à neutron ou d’un trou noir. L’apparition de ce résidu central
donne naissance à des ondes de chocs qui font exploser le reste de l’étoile et
éjectent violemment ses couches externes. Pour expliquer les sursauts gammas,
les astrophysiciens ont émis l’hypothèse qu’au sein des étoiles les plus
massives, la force gravitationnelle est si intense que les couches externes de
gaz ne sont par repoussées vers l’extérieur, mais capturées par le résidu
central.
Ce processus
amplifierait la quantité d’énergie gravitationnelle transformée en rayonnement
et en chaleur lors de l’effondrement final et augmenterait considérablement
l’énergie éjectée par les jets de plasma le long des pôles. Cette quantité
d’énergie disponible plus importante et le fait que rayonnement soit émis dans
un faisceau très fin pourraient donc expliquer comment cet événement est
capable de libérer une énergie apparente beaucoup plus importante qu’une
supernova classique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire