Détection des
Trous Noirs
Les tous noirs
peuvent être détecté de plusieurs manières :
- L'effet de
lentille gravitationnelle et de mirage gravitationnel
- Les sursauts
"X" et "Gamma"
- Les systèmes
binaires
1/ Lentille
gravitationnelle et mirage gravitationnel
Les trous noirs
sont, par leur essence même, invisibles. Ce qui les trahit, c’est
l’intense champ gravitationnel qu’ils créent. L’effet le plus
spectaculaire d’un champ gravitationnel intense est le phénomène de lentille
gravitationnelle.
En traversant le
champ gravitationnel d’un objet massif, la lumière subit une déflexion, dont
l’angle est directement proportionnel à la masse du corps et inversement
proportionnel à la distance minimale entre le rayon de lumière et l’objet.
Lorsque l’objet
en question, un trou noir par exemple, est suffisamment loin de la Terre, on
peut observer le phénomène de mirage gravitationnel. Ces mirages créent deux
images distinctes de la source cachée «derrière» le trou noir, une image
principale et une image secondaire plus faible, dont la somme des luminosités
est supérieure à celle de la source.
Schéma montrant
l'effet de lentille gravitationnelle: les rayons lumineux issus de l'étoile
sont déviés par le trou noir, une partie passant vers le haut, une autre vers
le bas. Pour l'observateur terrestre, il se forme deux images de la même
étoile.
Cette propriété
confère un intérêt particulier au phénomène, car, lorsque la séparation
angulaire entre les deux images est très petite, la source devient soudainement
plus brillante. Lorsque la masse interposée entre la Terre et la source
lumineuse est de forme quasi sphérique, ce qui est le cas pour un trou noir de
Schwarzschild, les rayons sont courbés avec le même angle dans toutes les
directions, formant ainsi un arc lumineux rigoureusement circulaire autour de
la source initiale, un arc d’Einstein. Ainsi, en se servant des lentilles
gravitationnelles, il serait possible, si l’on arrive à déceler la présence d’arcs
lumineux, de détecter une masse interposée de l’ordre d’un trou noir.
Des lentilles
gravitationnelles dans l'amas de galaxies Abell 2218+120 (ou Abell 2218b).(Cliquez
sur l'image pour agrandir) Notez la présence de plusieurs arcs lumineux (arcs
d'Einstein) correspondant à des mirages gravitationnels.
Document du télescope spatial Hubble NASA/ESA/STSCI/HST
2/ Les sursauts
"X" et "gamma"
Toutefois, il
existe une manière plus pratique d’observer un trou noir. Comme ceux-ci ont une
forte puissance d’attraction gravitationnelle, ils «aspirent» la matière aux
alentours, comme les restes de supernovas (explosion finale d’une étoile
massive en effondrement gravitationnel) ou les poussières interstellaires, en
un disque mince, ayant la forme d’une spirale: un disque d’accrétion. Ce
faisant, les trous noirs augmentent leur masse, justifiant le titre de «monstre
affamé» qui leur est souvent attribué.
Ces disques
d'accrétion sont composés de plasma surchauffé par la compression, de l’ordre
de dix milliards de degrés, et, conséquemment, rayonnent abondamment,
émettant des photons X et gamma, les plus énergétiques qui puissent
exister. Un trou noir convertirait la matière en énergie avec un rendement dix
fois supérieur à celui des réactions nucléaires responsables du rayonnement des
étoiles (10% pour les trous noirs, par rapport à 0,7% pour la fusion
thermonucléaire des étoiles).
Ainsi,
l’approvisionnement en matière du trou noir trahit sa présence à qui sait la
détecter.
3/ Les systèmes
binaires
Supposons un trou
noir et une étoile "normale" formant un "système
binaire":
Dans ce cas, les deux astres tournent l’un autour de l’autre. De la Terre,
l’étoile apparaîtrait tourner autour de… rien. Le «rien» en question est appelé
un compagnon invisible, et est habituellement une étoile effondrée (naine
blanche, étoile à neutrons ou trou noir). Cependant, les systèmes binaires ne
contiennent pas nécessairement des trous noirs. Pour le déterminer, il faut
mesurer la masse du compagnon obscur. Parmi les nombreuses possibilités, en
voici quelques-unes: le compagnon obscur peut être ...
- Une étoile peu
lumineuse. Il faut à tout prix essayer de la mettre en évidence en utilisant
les télescopes les plus performants.
- Une naine blanche.
Il faut évaluer sa masse qui ne peut dépasser 1,4 masse solaire.
- Une étoile à
neutrons. Là aussi, il faut évaluer sa masse qui doit être comprise entre 1,4
et 3,2 masses solaires.
- Une étoile
massive cachée par un nuage de poussières. Par exemple, l'étoile visible
"Epsilon Aurigae" forme un système binaire avec compagnon obscur qui
éclipse l’étoile tous les 27 ans, dont la durée de révolution est de 2 ans,
mais qui n'est qu'une étoile "banale" cachée par un nuage de
poussières.
Si aucune de ces
possibilités n'est vraie et que la masse du compagnon obscur dépasse 3,2 masses
solaires, ce dernier peut être un trou noir.
Le premier
candidat sérieux pour être un trou noir a été découvert en 1972, en rotation
autour de l'étoile super géante HDE 226868. Le système est situé dans la
constellation du Cygne, à environ 8.150 années-lumière. Ce système d'étoiles
binaires est maintenant désigné sous le nom de Cygnus X-1.
L'étoile
principale (une étoile bleue visible, avec une température de surface de 31.000
degrés Kelvin) possède une masse de 20-25 Mo et le compagnon invisible (un trou
noir) doit avoir une masse de 7-13 Mo. Le système binaire tourne autour de son
centre gravitationnel en 5,6 jours.
Illustration montrant
à gauche l'étoile bleue et à droite le trou noir avec son
disque d'accrétion.
Du gaz est arraché à la géante bleue par le trou noir et est hautement accéléré dans une orbite spirale autour du trou noir. Ce gaz devient alors si chaud - à cause des frictions - qu'il émet des rayons X.
Cygnus X-1 compte actuellement parmi les plus puissantes sources émettrices de rayons X dans le ciel nocturne.
Du gaz est arraché à la géante bleue par le trou noir et est hautement accéléré dans une orbite spirale autour du trou noir. Ce gaz devient alors si chaud - à cause des frictions - qu'il émet des rayons X.
Cygnus X-1 compte actuellement parmi les plus puissantes sources émettrices de rayons X dans le ciel nocturne.
Il en existe
d’autres découverts de la même manière, dont notamment :
- L’objet V404
Cygni
- LMC-X-3 dans le
Grand Nuage de Magellan
- Le noyau de la
galaxie d'Andromède M31
- Celui de son
compagnon elliptique M32
- Le cœur de la
galaxie active (AGN) Centaurus A, NGC 5128
- Le cœur de la
galaxie M104 "Sombrero"
- Le cœur de la
galaxie M82
- Le cœur de la
galaxie M106
- Le noyau de la
galaxie de Markarian Mrk 335
- Le cœur du
compagnon diffus et massif de la galaxie NGC 6240
- Le cœur de la
galaxie NGC 4258
- Le cœur de la
galaxie elliptique NGC 4261
- Le cœur de
Perseus A
- Le centre de la
galaxie M87 Virgo A, alias 3C274, abriterait un gigantesque trou noir d'un
milliard de masses solaires
Il est donc
possible de détecter un trou noir lorsque celui-ci fait partie d’un système
binaire dont le compagnon visible est connu. Cette méthode est, pour l’instant,
la plus efficace pour détecter des trous noirs. Cependant, elle n’est pas sans
défauts. Certains la contestent, disant que les approximations utilisées pour
calculer la masse du compagnon obscur sont trop inexactes. Quoi qu’il en soit,
le fait demeure que plusieurs candidats ont été observés ces dernières années.
C’est principalement le lancement du télescope spatial Hubble qui a permis
d’effectuer ces calculs avec une précision suffisante.
4/ Conclusions
Le phénomène des
lentilles gravitationnelles et les émissions "X" et "Gamma"
permettent théoriquement de détecter la présence d'un trou noir. Ceci n'est
cependant pas évident lorsqu'il s'agit d'un trou noir "célibataire"
c'est-à-dire qui n'est pas en relation avec une étoile .
Toutefois, le rayonnement émis par le disque est habituellement trop faible
pour être détectable à plus de quelques années-lumière de distance, car le gaz
interstellaire n’est pas assez abondant, rendant très improbable que l’on découvre
un trou noir par l’accrétion seule.
Le phénomène d’accrétion n’est vraiment intéressant qu’en présence soit de
systèmes binaires, soit de trous noirs de proportions galactiques, au coeur
d’une galaxie.
Ainsi, pour ce qui est de trous noirs célibataires, sans compagnon qui tourne
autour, il y a bien peu d’espoir de détection. La lentille gravitationnelle est
difficile à détecter pour un trou noir seul; elle nécessite habituellement une
masse beaucoup plus grande. L’accrétion de matière, phénomène qui ne dure que
tant qu’il y a de la matière aux alentours, possède un débit lumineux trop
faible pour parvenir jusqu’à la Terre; le «moteur» est là, mais il lui manque
du carburant. Cependant, si un trou noir se trouvait dans un système binaire,
ce manque de carburant pourrait être comblé par le gaz de son compagnon.
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