Le Spectre électromagnétique
La lumière que
nous percevons grâce à nos yeux ne représente qu'une infime partie des
rayonnements qui existent dans l'univers. Des rayons gamma jusqu'aux ondes
radio, les télescopes actuels se servent de ces rayonnements pour sonder
l'univers.
Il peut paraître
bizarre que la lumière que l'on a toujours associé à l'idée de vision pourrait
être invisible. Pourtant c'est le cas de la plupart des rayonnements de
l'univers. La lumière visible correspond à une gamme de rayonnements
électromagnétiques de longeurs d'onde situées entre 400 et 800 nm. Mais il
existe d'autres types de "lumières", de longueurs d'ondes plus
courtes ou plus longues, invisibles à l'oeil humain : ondes radio, infrarouges,
ultraviolets, rayons X, rayons gamma. C'est l'ensemble de ces rayonnements qui
constituent le spectre électromagnétique.
Nature de la
lumière
Selon la façon dont on étudie la lumière, celle-ci peut se comporter de manière
différente : soit comme une onde, soit comme un corpuscule. C'est ce qu'on
appelle la dualité onde-particule, un principe élémentaire de la physique
quantique (physique des particules).
Corpuscule
Un rayonnement électromagnétique peut être considéré comme un groupement de
minuscules "paquets" ou quanta d'énergie, les photons.
Ces minuscules particules ne possèdent pas de masse mais transportent une
quantité d'énergie définie en fonction de leur longueur d'onde. Plus celle-ci
est courte, plus le photon a
de l'énergie. Ainsi les photons
de lumière bleue sont plus énergétiques que les photons de lumière rouge.
C'est en 1905 que Einstein affirme
que la lumière est émise et absorbée de façon discontinue, mais que sa nature
même est discontinue : il la décrit comme "granulaire". Il affirme
également que la structure granulaire de la lumière ne l'empêche pas de garder
certaines propriétés des ondes.
La nature corpusculaire d'un rayonnement peut être démontrée par l'effet
photoélectrique. Si l'on bombarde d'une lumière bleue (énergétique) une plaque
métallique, des électrons sont expulsés du métal. La même expérience réalisée
avec une lumière rouge (peu énergétique) ne produira aucun effet.
Une plaque de sodium
métallique est bombardée par un flux de photons. La plaque expulse des
électrons. C'est l'effet photoélectrique.
Onde
Dans la plupart des situations, le rayonnement électromagnétique se comporte
comme une onde (ou comme une vague). Il possède une longueur d'onde (distance
entre deux crêtes) et une fréquence (nombre d'onde par seconde). Cette nature
apparaît lorsqu'on étudie la propagation d'un flux de photons
dans le vide. Sous ce point de vue, il est impossible d'observer la trajectoire
d'un photon :
le flux est continu, la lumière se comporte comme une onde. On peut démontré la nature ondulatoire de la lumière par l'expérience des deux fentes.
Si on oriente un faisceau lumineux vers une carte percée de deux fentes, la
lumière se diffracte : les ondes lumineuses se répandent et émergent de chaque
fente sous forme d'arc. Les deux trains d'ondes interfèrent alors, et dessinent
sur l'écran des bandes claires et sombres.
La lumière traverse
les fentes, se diffracte et laisse apparaître un modèle d'interférence sur
l'écran. Tiré du livre Le Ciel et L'Univers (Gallimard)
Cette dualité des
rayonnements électromagnétiques est très bien expliquée dans cette vidéo du
docteur Qwantum.
Les différents
types de rayonnements
La grande diversité des objets de notre univers permet de couvrir l'ensemble du
spectre électromagnétique. Plus les longueurs d'onde sont courtes, plus
l'énergie transportée par les photons est grande. Certains objets assez
complexes comme les galaxies
ou les vestiges de supernova peuvent
émettre dans pratiquement toutes les longueurs d'onde. Les objets froids auront
plus tendance à émettre des photons peu énergétiques, que l'on captera donc
dans les grandes longueurs d'onde (ondes radio, infrarouges). Les photons
très énergétiques seront émis par des objets très chauds comme les gaz des amas de
galaxies. On les observera dans la tranche des rayons X ou gamma. Mise à part
cette différence de longueur d'onde, un rayonnement électromagnétique se
propagent dans le vide à environ 300 000 km/s.
Les ondes radio
C'est le moins énergétique des rayonnements du spectre électromagnétique, c'est
à dire celui qui présente les plus grandes longueurs d'onde. Par convention, on
admet que le rayonnement radio s'étend de 1 mm à plusieurs kilomètres. On
entend également parler d'un sous-domaine appelé les "micro-ondes".
C'est la partie du spectre qui s'étend de 1 mm à 30 cm (limite arbitraire).
La propriété principale de ce rayonnement est d'être peu stoppé par
l'atmosphère ce qui en fait un support privilégié pour la transmission de l'information.
On classe généralement les ondes radio en fonction de leur fréquence (mesurée
en Hertz). Plus la fréquence est grande, plus la longueur d'onde est petite. De
0,3 à 30 Hz, ce sont les ELF (Extremely Low Frequency). De 30 à 300 GHz, on
parle d'EHF (Extremely High Frequency).
La radio FM et la télévision correspondent à des longeurs d'onde de 1 m (0,3
Ghz). Les téléphones cellulaires utilisent quant à eux des longeurs d'onde de
10 cm (2,4 GHz).
Mais les rayonnements radios sont aussi émis par les astres, que l'on capte
avec de grandes antennes paraboliques. Le VLA (Very Large Array) est un réseau
de radiotélescope situé au Nouveau-Mexique dont le but est d'obtenir des
clichés en radio du ciel. La résolution reste toutefois assez faible à cause
des grandes longueurs d'onde. Les communications terrestres perturbent parfois
le travail des radiotélescopes, travaillant dans la même gamme de longueur
d'onde.
Le VLA au
Nouveau-Mexique (USA). C'est un réseau de 27 antennes de 25 m de
diamètre.
Les Infrarouges
Dans l'ordre (décroissant) des longeurs d'onde, après le rayonnement radio
viennent les infrarouges. Cette gamme de longueur d'onde du spectre
électromagnétique est située juste en dessous du rouge, d'où son nom. On fixe
ses limites entre 780 nm et 1 000 000 nm. Ce rayonnement est naturellement
invisible à l'oeil nu, mais certains animaux et insectes sont capables de le
percevoir.
La particularité de ce rayonnement est qu'il est associé à la chaleur. Un corps
chaud émettra plus de rayons infrarouges qu'un corps froid. De même, un corps
soumis au rayonnement infrarouge va chauffer. Pour étudier la température dans
l'univers, l'utilisation du domaine infrarouge est donc très pratique.
Pour pouvoir les capter, la NASA a envoyé un satellite,
Spitzer. Lancé en août 2003, il est le plus grand télescope infrarouge en
orbite autour de la Terre. Il a permis de révéler des structures et des détails
de nuage protostellaires jamais vus jusque-là. Ses instruments sont refroidis à
une température proche du zéro absolu, de façon à ce que sa propre chaleur n'influe pas sur ses
observations.
Néanmoins, la majorité des observations infrarouges reste implanté sur Terre.
On peut citer par exemple l'Observatoire Infrarouge du Wyoming (WIRO pour
Wyoming Infrared Observatory) qui abrite un télescope de 2,30 m de diamètre.
Le WIRO, télescope
infrarouge situé dans l'état du Wyoming (USA).
Lumière visible
La lumière visible est l'ensemble des rayonnements électromagnétiques
perceptibles par l’œil humaine. Il ne représente qu'une infime partie du
spectre. Habituellement, on considère que les radiations visibles par l’œil humaine sont comprises entre 380 et 780 nm. On observe l'ensemble des
rayonnements de la lumière visible quand on décompose la lumière blanche. Elle
s'étend du rouge (la plus longue) au violet (la plus courte).
Sur cette image, la
lumière blanche est décomposée, laissant apparaître l'ensemble des
rayonnements de la lumière visible.
C'est dans cette
gamme de longueur d'onde que peut observer un amateur d'astronomie. Ceux-ci
utilisent des télescopes d'environ 200 mm de diamètre alors que les
professionnels atteignent des diamètre de plusieurs mètres (VLT). Le télescope
spatial le plus connu fournissant des images en lumière visible est Hubble,
lancé par la NASA en
avril 1990.
Les ultraviolets
Nous arrivons aux longueurs d'onde trop courtes pour être perçues par notre
oeil. Les ultraviolets sont situées juste au dessus du violet dans l'ordre du
spectre électromagnétique. Ils ont une longueur d'onde comprise entre 20 nm et
400 nm.
Ce rayonnement n'est pas complètement absorbé par l'atmosphère. Ce sont eux qui
permettent le bronzage. Mais à trop forte dose, ceux-ci peuvent être dangereux
pour la santé et provoquer des cancers.
Cette composite
d'image en lumière visible et en ultraviolet révèle de puissantes émissions
UV (bleu-blanc).
Ce sont des télescopes spatiaux qui observent le ciel en ultraviolet. Parmis
eux, le satellite Extreme Ultraviolet Explorer de la NASA a
recensé des sources de rayonnement ultraviolet extrêmes (très courtes longueurs
d'onde). L'ultraviolet émane de sources chaudes : naines blanches, étoiles
à neutrons ou galaxies de Seyfert.
Les rayons X
Les rayons X sont intégralement stoppés par l'atmosphère. Leur longueur d'onde
est comprise entre 0,005 nm et 10 nm. Ils sont donc très énergétiques.
L'énergie des rayons X est assez grande pour qu'ils traversent tous les tissus
du corps humain sauf les os que l'on perçoit en blanc sur les radiographies.
Radiographie
effectuée avec des rayons X. Seules les os sont visibles.
Ils sont si
énergétiques qu'ils traversent les miroirs conventionnels. Les télescopes X
utilisent des cylindres métalliques étroits finement polis, dits à faible
incidence. Les rayons X rebondissent sur ces miroirs et vont se réfléchir au
foyer. Le plus connu des télescopes X est l'observatoire spatial X Chandra. Il
a fourni des informations nouvelles inattendues comme des images du trou noir
supermassif au centre de la Voie
Lactée, ou certaines images de restes de supernova.
Les rayons gamma
Les rayons gamma sont les plus dangereux du spectre électromagnétique. Ils
possèdent une énergie considérable qui leur permet de traverser des solides. On
ne peut pas obtenir d'images fines des rayons gamma, trop puissants pour
pouvoir être focalisés. Ils sont produits lors des événements les plus violents
(hypernovae, bombe atomique, désintégration radioactive etc...).
Une image en rayons
gamma du ciel. La résolution est faible à cause de la grande énergie des photons.
Le télescope spatial Compton a étudié dans les années 1990 le rayonnement gamma
des supernova, des pulsars et
des sursauts gamma.
Etude du spectre
électromagnétique
La suite logique de cet article serait de comprendre comment cette lumière est
exploitée pour mieux comprendre la composition, la température etc. des astres
observés. La technique la plus courante et la plus efficace est la
spectroscopie, ou l'étude des raies dans un spectre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire