Albert Einstein
Il a publié la
théorie de la relativité restreinte en 1905 et une théorie de la gravité dite
relativité générale en 1915. Il a largement contribué au développement de la
mécanique quantique et de la cosmologie. Il a reçu le prix Nobel de physique en
1921 pour son explication de l’effet photoélectrique. Son travail est notamment
connu pour l’équation la plus célèbre du monde "E=mc²" qui quantifie l’énergie disponible dans la matière.
<<< Albert Einstein (14
mars 1879 à Ulm, Württemberg, Allemagne - 18 avril 1955 à Princeton, New
Jersey, États-Unis) était un physicien allemand, puis apatride (1896), suisse
(1899), et enfin helvético-américain (1940).
Biographie
Le 8 août 1876,
Hermann Einstein (* 30 août 1847 à Buchau ; † 10 octobre 1902 à Milan) épouse
Pauline Koch. Trois ans plus tard, le 14 mars 1879, Albert, leur premier
enfant, naît dans leur appartement à Ulm en Allemagne. Le jeune Albert fait
deux découvertes : la boussole à cinq ans et la rigueur scientifique
dans un livre, La Petite Bible de la géométrie, à treize ans.
Il fait ses études
primaires et secondaires à la Hochschule d’Aargau en Suisse, où il obtient
son diplôme le 30 septembre 1896. Il a d’excellents résultats en mathématiques,
mais refuse de s’instruire en biologie et en sciences humaines, car il ne voit
pas l’intérêt d’apprendre des disciplines que l’on retrouve partout dans les
livres. Il considère la science comme le fruit de la raison humaine et de la
réflexion. Il demande à son père de lui donner la nationalité suisse afin de
rejoindre sa famille émigrée à Milan en Italie.
Il entre à l’École
polytechnique fédérale de Zurich (ETH) en 1896. Il s’y lie d’amitié avec
le mathématicien Marcel Grossmann, qui l’aidera plus tard quand il sera aux
prises avec les géométries non-euclidiennes. Il y rencontre aussi Mileva Maric,
sa première épouse. Il obtient son diplôme en 1900. Il lit beaucoup : pendant
cette époque, il approfondit presque exhaustivement d’excellents livres de
référence, comme ceux de Boltzmann, de Helmholtz et de Nernst.
Il a comme lecture aussi la Mécanique de Ernst Mach. Selon plusieurs
biographies, de 1900 à 1902 sera un temps de précarité pour Einstein qui
postulera à de nombreux postes sans être accepté. La misère d’Einstein
préoccupa énormément son père qui essaya en vain de l’aider à trouver un
emploi. Albert se résigna à oublier l’université pour chercher un travail
administratif.
En 1902, il est
embauché à l’Office des brevets de Berne, ce qui lui permet de vivre
correctement tout en travaillant ses théories d’arrache-pied. Fin 1902 naît Lieserl,
fille de Mileva et Albert. Les historiens n’ont découvert l’existence de cette
fille qu’en 1986 (quand des lettres échangées entre Albert et Maric furent
découvertes). On ignore ce qu’est devenue Lieserl, la thèse la plus courante
étant une mort en bas âge. Albert et Maric se marient en 1903, après la mort du
père de ce dernier. En 1904, Hans-Albert naît. Dans les années
1905-1909, Einstein publie quatre articles qui ouvrent de nouvelles voies dans
la recherche (physique nucléaire, mécanique céleste…). Eduard naît en
1910.
Quatre ans après ces articles, il est reconnu par ses pairs. Les offres
d’emplois se multiplient. En 1911, il est invité au premier Congrès Solvay,
en Belgique, qui rassemble les scientifiques les plus connus. Il y rencontre
entre autres Marie Curie, Max Planck et Paul Langevin. En
1913, Albert est nommé à l’Académie des sciences de Prusse. Cela implique qu’il
a la citoyenneté prussienne, en plus de la citoyenneté suisse.
En 1914, il
déménage en Allemagne et habite à Berlin de nombreuses années, et les
propositions de travail allemandes lui permettent de se consacrer tout entier à
son travail de recherche. À ce moment, Mileva et Albert se séparent, et ce
dernier commence à fréquenter une cousine berlinoise, Elsa. Il clame aux
abords de la Première Guerre mondiale ses opinions pacifistes. La ville de
Berlin lui avait promis le cadeau d’une maison. Avec le temps, ce ne sera
finalement qu’un terrain sur lequel il dut faire construire de sa poche. Il
choisit un endroit calme à Caputh, près du lac de Havelsee, où il faisait
souvent de la voile.
Dans un livre de
1916, il publie sa théorie de la gravitation, connue aujourd’hui sous le
nom de la "relativité générale". En 1919, Arthur Eddington
réalise la mesure de la déviation que la lumière d’une étoile subit à proximité
du Soleil, prévu par cette théorie. Cet évènement est médiatisé, et Einstein entreprend
à partir de 1920 des voyages dans le monde entier.
En 1925, il est
lauréat de la médaille Copley. En 1928, il est nommé président de la Ligue des
Droits de l'homme. En 1935, il est lauréat de la Médaille Franklin.
La situation
s’assombrit en Allemagne dans les années 1920 ; il est traîné dans la boue
comme Juif et pacifiste, et voit sa sécurité menacée avec la montée des
mouvements nationalistes dont celle du parti nazi. Peu après l’arrivée d’Hitler
au pouvoir, début 1933, il apprend que sa maison de Caput, près de Berlin, a
été pillée par les nazis. Il décide de ne plus revenir en Allemagne. Après un court
séjour sur la côte belge, il s’installe aux États-Unis, où il travaille à
l’Institute for Advanced Study de Princeton. Il cherchera principalement
une théorie unifiant la gravitation à l’électromagnétisme, tâche infructueuse
qui selon certains l’a peut-être détourné d’autres recherches plus
intéressantes.
Le 2 août 1939,
il rédigea une lettre à Roosevelt qui contribua à enclencher le projet Manhattan.
Einstein meurt le
18 avril 1955 d’une rupture d'anévrisme, son cerveau est hypertrophié à gauche.
On éparpillera ses cendres dans un lieu tenu secret, conformément à son
testament mais, en dépit de ses dernières volontés, son cerveau et ses
yeux sont préservés par le médecin légiste qui a fait son autopsie.
Son fils Eduard,
schizophrène passera sa vie dans une clinique en Suisse, son autre fils
Hans-Albert fut ingénieur en Californie et eut une descendance.
Travail
scientifique
L’annus mirabilis ou "Merveilleuse année"
1905 est l’année
miracle pour Einstein, celle où sont publiés quatre de ses articles dans la
revue Annalen der Physik (d’abord envoyés à Conrad Habicht) :
- Le premier,
publié en mars, expose un point de vue révolutionnaire sur la nature
corpusculaire de la lumière, par l’étude de l’effet photoélectrique. Einstein
l’a intitulé : Sur un point de vue heuristique concernant la production et
la transformation de la lumière. Il y relate ses recherches sur l’origine des
émissions de particules, en se basant sur les travaux de Planck qui avait, en
1900, établi une formule d’un rayonnement quantifié, c’est-à-dire discontinu.
Planck avait été en fait contraint d’aborder le rayonnement lumineux émis par
un corps chaud d’une manière qui le déconcertait : pour mettre en adéquation sa
formule et les résultats expérimentaux, il lui avait fallu supposer que le
courant de particules se divisait en blocs d’énergie, qu’il appela quanta.
Bien qu’il pensât que ces quanta n’avaient pas de véritable existence, sa
théorie semblait prometteuse et plusieurs physiciens y travaillèrent. Einstein
réinvestit les résultats de Planck pour étudier l’effet photoélectrique, et il
conclut en énonçant que la lumière se comportait à la fois comme une onde
et à la fois comme un flux de particules. Il mit alors fin à un débat vieux de
plus d’un siècle sur la nature de la lumière et ouvrit la voie à des recherches
fondamentales. L’effet photoélectrique a donc fourni une confirmation simple de
l’hypothèse des quanta de Max Planck. En 1920, les quanta furent appelés
les photons.
- Deux mois plus
tard, en mai, Einstein fait publier un deuxième article sur le mouvement
brownien. Il expliquait ce mouvement par une entorse complète au principe
d’entropie tel qu’énoncé à la suite des travaux de Newton sur les forces
mécaniques : selon lui, les molécules tiraient leur énergie cinétique de la
chaleur. Cet article est encore plus fondamental du fait qu’il donnait une
preuve théorique (vérifiée expérimentalement par Jean Perrin en 1912) de
l’existence des atomes et des molécules. Le mouvement brownien a été expliqué
au même moment qu’Einstein par Marian Smoluchowski, et aussi par Louis
Bachelier en 1900.
- Le troisième article
est plus important, car il représente la rupture intuitive d’Einstein avec
la physique newtonienne. Dans celui Sur l’électrodynamique des corps en
mouvement, le physicien s’attaque au postulat d’un espace et d’un temps
absolus, tels que définis par la mécanique de Newton, et à l’existence de
l’éther, milieu interstellaire inerte qui devait soutenir la lumière comme
l’eau ou l’air soutiennent les ondes sonores dans leurs déplacements. Cet
article, publié en juin, amène à deux conclusions : l’éther n’existe pas,
et le temps et l’espace sont relatifs. Le nouvel absolu qu’Einstein édifie est
maintenant détaché de la nature quantitative de ces deux notions — l’espace et
le temps, mais à la conservation de leur relation à travers les différents
référentiels d’études. Les conséquences de cette vision révolutionnaire de la
physique, qui découle de l’idée qu’Einstein avait de la manière dont les lois
physiques devaient contraindre l’univers, ont bousculé tant la physique
théorique que ses applications pratiques. L’apport exact d’Einstein par rapport
à Henri Poincaré et quelques autres physiciens est aujourd’hui assez disputé.
- Le dernier article,
publié en septembre, donne au titre L’inertie d’un corps dépend-elle de
son contenu en énergie ? une réponse célèbre : la formule
d’équivalence masse-énergie. C’est un résultat de la toute nouvelle relativité
restreinte, qui sera d’une importance capitale pour un nombre de champs
d’études insoupçonnés alors : physique nucléaire, mécanique céleste, jusqu’aux
armes et centrales nucléaires.
Durant cette période, il fonde avec Maurice Solovine (qui traduira ses œuvres
en français) et Conrad Habicht l’Académie Olympia, cercle de discussion se
réunissant au 49, Kramgasse, et organisant des balades en montagne.
Années de
reconnaissance (1910-1935)
<<< Albert Einstein et
Niels Bohr, Congrès Solvay de 1930.
La clé de voûte
de cette théorie est les « Équations du champ » qui décrivent le comportement
du champ de gravitation (la métrique de l’espace-temps) en fonction du contenu
énergétique et matériel. Pendant longtemps, on a prétendu que David Hilbert fut
le premier à avoir trouvé ces équations (suite à des discussions avec Einstein
toutefois). La théorie de la relativité ainsi que ses ouvrages de 1905 et 1916
forment la base de la physique moderne. La relation entre Einstein et la
physique quantique est très remarquable — d’un côté, certaines de ses théories
sont la base de la physique quantique, en particulier son explication de
l’effet photoélectrique, d’un autre côté, il a refusé beaucoup d’idées et
d’interprétations de la mécanique quantique plus tard.
Photo: Albert
Einstein en 1921. >>>
En 1927, invité
au cinquième Congrès Solvay, il a de nombreuses conversations avecNiels
Bohr à ce sujet. Il dit alors : « Gott würfelt nicht » (« Dieu ne
joue pas aux dés») pour marquer son opposition à l’interprétation probabiliste
de la physique quantique, ce à quoi Niels Bohr répondit « Qui êtes-vous Albert
Einstein pour dire à Dieu ce qu’il doit faire ? ». Le paradoxe quantique qu’il
arrivera à préciser plus tard avec Podolsky et Rosen à Princeton (paradoxe EPR)
reste aujourd’hui très important.
La vérification
par l’éclipse
Pour vérifier la
relativité générale, une mesure de la déviation des rayons lumineux aux
alentours d’une masse, lors d’une éclipse solaire est envisagée. La
première expédition est programmée en 1915, mais est rendue impossible par la
Première Guerre mondiale. En 1919, Arthur Eddington réalise la
fameuse mesure. Il annonce que les résultats sont conformes à la théorie
d’Einstein. Il apparaît bien plus tard qu’en raison du temps nuageux, la marge
d’erreur était bien supérieure au phénomène à mesurer. Stephen Hawking explique
dans Une Brève histoire du temps que ce genre de faux bon résultat est courant
quand on sait à quoi s’attendre. Comme entre-temps, d’autres mesures avaient
confirmé la déviation de la lumière, le prestige de la relativité générale n’en
fut pas ébranlé.
Einstein et la
politique
En politique,
Einstein était avant tout un pacifiste, même s’il put déconseiller
l’objection de conscience à un jeune Européen qui lui écrivit dans les années
1930, « pour la sauvegarde de son pays et de la civilisation ». Einstein est
lié à beaucoup de causes pacifistes, car il accepta toujours de défendre une
cause qu’il trouvait juste. Il répondit ainsi aux communistes que les peuples
devaient s’occuper d’abord de pacifisme afin d’avoir les conditions nécessaires
pour ensuite pouvoir faire du socialisme. Il prononcera cet apophtegme : « Si
un homme peut éprouver quelque plaisir à défiler en rang aux sons d’une
musique, je méprise cet homme… Il ne mérite pas un cerveau humain puisqu’une
moelle épinière le satisfait. » (dans Comment je vois le monde, publié à
partir de 1934) faisant ainsi référence à l’armée, institution qu’il méprisait.
En 1913, il est
cosignataire d’une pétition pour la paix que trois savants allemands signeront.
C’est le pendant du Manifeste des 93 intellectuels allemands.
Einstein fut un
supporter du sionisme. En 1920, il accompagne le leader sioniste Chaim
Weizmann aux États-Unis dans une campagne de récolte de fonds. Il se rend
également en Palestine mandataire dans le cadre de l’inauguration de
l’université hébraïque de Jérusalem. Ses apparitions donnent un prestige politique
à la cause sioniste. Suite à une invitation à s’établir à Jérusalem, il écrit
dans son carnet de voyage que « le coeur dit oui (…) mais la raison dit
non ». Selon Tom Segev, Einstein apprécie son voyage en Palestine et les
honneurs qui lui sont faits. Il rapporte néanmoins un point noir quand voyant
des Juifs prier devant le mur des lamentations, Einstein commente qu’il s’agit
de personnes collées au passé et faisant abstraction du présent.
Il analysa bien
l’évolution de la situation entre les deux guerres en Allemagne. Il eut d’assez
bons mots, avec sa vision très rationnelle des hommes : « Pour l’instant,
je suis un savant allemand, mais si je viens à devenir une bête noire, je serai
un juif suisse ». Il recevait des menaces de mort dès 1922. De violentes
attaques eurent lieu contre la théorie de la relativité en Allemagne (mais
aussi en Russie). Par exemple, Philipp Lenard, « chef de la physique aryenne ou
allemande » attribuait à Friedrich Hasenöhrl la formule E=mc² pour en faire une
création aryenne. Einstein démissionna de l’académie de Prusse en 1933. Il fut
par contre exclu de celle de Bavière, qu’il ne put quitter volontairement à
temps. Cette année-là, Einstein, en voyage à l’étranger, ne retourna pas en
Allemagne, où le régime nazi avait pris le pouvoir en janvier. Après un séjour
en Belgique, il déclina une proposition de la France de l’accueillir comme
professeur au Collège de France, et partit aux États-Unis à Princeton.
Le 2 août 1939,
il rédigea une lettre à Roosevelt qui contribua à enclencher le projet
Manhattan.
<<< Photo: Einstein
déclarant son opposition à la bombe atomique en 1950.
En 1945,
lorsqu’il comprend que les États-Unis vont réaliser la première bombe atomique
de l’histoire, il prend l’initiative d’écrire une nouvelle fois à Roosevelt pour
le prier de renoncer à cette arme. Après la guerre, Einstein milite pour
un désarmement atomique mondial, jusqu’avant sa mort en 1955 où il confesse à
Linus Pauling : «j’ai fait une grande erreur dans ma vie, quand j’ai signé
cette lettre. »
Einstein s’est
exprimé sur ses convictions socialistes en 1949, soit en plein maccarthysme,
dans un essai intitulé « Pourquoi le Socialisme » (publié dans la Monthly
Review). Sa correspondance révèle qu’il effectuait un rapprochement entre
le maccarthysme et les évènements des années 1930 en Allemagne. Il écrivit au
juge chargé de l’affaire Rosenberg pour demander leur grâce, aida de nombreuses
personnes qui voulaient immigrer aux États-Unis ; contacté par William
Frauenglass, un professeur d’anglais de lycée suspecté de sympathies
communistes, il rédigea un texte dénonçant ouvertement le maccarthysme et
encourageant les intellectuels à résister à ce qu’il qualifie de « mal ». Le
FBI (en fait son président, J. Edgar Hoover) a ouvert un dossier sur lui,
disponible sur leur site. Joseph McCarthy lui-même attaque Einstein au Congrès
en le traitant « d’ennemi de l’Amérique ». On soupçonne sa secrétaire, Helen
Dukas, d’espionnage pour Moscou. Les médias se déchaînent. Au milieu de ce
lynchage organisé, Bertrand Russell prend sa défense. L’affaire a été classée
en 1954, aucune preuve n’ayant été trouvée.
En décembre 1948,
il co-signe une lettre condamnant le massacre de Deir Yassin.
Il est
désappointé par ce qu’il peut connaître de l’Union soviétique. Il lui apparaît
que le principe du gouvernement des peuples par eux-mêmes, le fait de
travailler pour eux-mêmes, lui semble plus propice à l’épanouissement
individuel que celui de l’exploitation du grand nombre par une minorité. Par
ailleurs, il a préfacé le Livre Noir, recueil de témoignages sur
l’extermination des juifs par les nazis pendant la guerre dans la Russie
Soviétique (ISBN 2742706232).
Ben Gourion lui
proposa en 1952 la présidence de l’État d’Israël, qu’il refusa. L’ambassadeur
raconte les raisons de son refus : « D’abord, si je connais les lois de
l’univers, je ne connais presque rien aux êtres humains. De plus, il semble
qu’un président d’Israël doit parfois signer des choses qu’il désapprouve, et
personne ne peut imaginer que je puisse faire cela. » Il légua ses
archives à l’université de Jérusalem.
<<< Photo: Einstein et
Robert Oppenheimer.
Einstein fut
somme toute un pacifiste à la philosophie très rationnelle, un peu
contemplatif, un être un peu asocial qui aimait l’humanité. Il a constamment
méprisé l’agitation humaine et a toujours préféré le calme. Pour connaître ses
pensées sur la religion ou la guerre, on peut lire ses citations.
Il a lutté
pendant la Guerre froide en s’exprimant contre la course aux armements,
appelant, par exemple avec Bertrand Russell et Joseph Rotblat, les
scientifiques à plus de responsabilités, les gouvernements à un renoncement
commun à leur prolifération et leur utilisation, et les peuples à chercher
d’autres moyens d’obtenir la paix (création du Comité d'urgence des
scientifiques atomistes en 1946, Manifeste Russell-Einstein en 1954). Il fut
nommé directeur du Comité à l’Énergie atomique des Nations unies, mais
démissionna quand il se rendit compte de son inutilité. Précisons qu’il ne
participa pas à la construction de la bombe atomique. Il n’en eut pas même
l’idée. Ce fut Robert Oppenheimer qui la dirigea.
Il a toujours
insisté sur la nécessité de créer un État mondial.
Vie sociale
Einstein a eu des
relations avec quantité de personnalités scientifiques, politiques et
artistiques. Sa correspondance était très riche. Il a toujours fui l’agitation
humaine, refusé les effets faciles et les jugements à l’emporte-pièce. Il n’a
jamais pris au sérieux sa célébrité.
Ses liaisons avec
les femmes étaient sombres. Il trompait souvent Mileva, et fut très dur avec
Elsa. Ils faisaient chambre à part et il pouvait lui interdire son bureau, se
faisant presque servir (« Je traitais ma femme comme une employée, mais
une employée que je ne pouvais pas congédier »).
Mileva Maric,
atteinte de coxalgie (boiteuse) et au physique sombre, est aussi élève du
Polytechnicum. Elle tombe enceinte et accouchera chez ses parents en Serbie
d’une petite fille, Lieserl, que le père et la mère devront abandonner. Nul ne
sait ce qu’est devenue cette fille d’Einstein. Mais ce drame va briser la vie
de Mileva et, à terme, celle du couple.
Il vit peu son
fils Hans-Albert qui travaillait en Californie.
Il entretint
toute sa vie une relation amicale avec la reine Élisabeth de Belgique,
avec qui il jouait du violon (« Je m’étonne de la courte mémoire des
hommes quant aux faits politiques. Hier le procès de Nuremberg, aujourd’hui le
réarmement de l’Allemagne… »).
En 1933, il
publie avec Sigmund Freud un échange de lettres intitulé Pourquoi la guerre ?
Einstein et
l’astrologie
Contrairement à
la citation qui lui est attachée par de nombreuses publications, en particulier
celui de l’astrologue Élisabeth Teissier, Einstein ne voyait dans l’astrologie
que supercherie. Il a notamment exprimé son opinion très négative sur le sujet
dans une introduction qu’il a écrite en 1951 pour l’ouvrage de Carola
Baumgardt.
Citation
apocryphe qui lui est attribuée : « L’astrologie est une science en soi,
illuminatrice. J’ai beaucoup appris grâce à elle et je lui dois beaucoup. Les
connaissances géophysiques mettent en relief le pouvoir des étoiles et des
planètes sur le destin terrestre. À son tour, en un certain sens, l’astrologie
le renforce. C’est pourquoi c’est une espèce d’élixir de vie pour l’humanité. »
Ce faux a pour
origine le Huters astrologischer Kalender de 1960, publié en 1959. La
phrase a donc été forgée environ cinq ans après la mort d’Einstein.
Einstein et le
végétarisme
Dans la lignée de
ses prises de position anti-conformistes, Albert Einstein soutenait la cause
végétarienne. Il considérait le végétarisme comme un idéal sans pourtant le
pratiquer lui-même malgré quelques problèmes de conscience. Il considérait
principalement les raisons de santé mais croyait également à l’effet bénéfique
du régime végétarien sur le tempérament des hommes. C’est seulement un an avant
sa mort qu’il mit en pratique ce régime.
Le cerveau
d’Einstein
En 1978, le
journaliste Steven Levy apprend par son employeur le journal New Jersey Monthly
que le cerveau du savant aurait été conservé et lui demande de le récupérer.
Levy sera
accompagné par un caméraman durant sa quête et le film diffusé dans les années
1990 sur le petit écran en France. Après une longue enquête, il le retrouve en
effet à Wichita, Kansas, chez le pathologiste qui avait procédé à son
extraction, le Dr Thomas Harvey.
Les médias
campèrent évidemment devant son domicile en quête d’informations lui créant
énormément de désagréments. Par la suite, le Dr Harvey avoua qu’il n’avait rien
trouvé de particulier dans sa structure physique pouvant expliquer son génie.
Mais de plus
récentes études (parues notamment dans Science et Vie) concluent que le cerveau
d’Einstein possédait un nombre élevé d’astrocytes. Les chercheurs à qui l’on
doit cette découverte ignorent si cela est responsable de son intelligence
étant donné que les astrocytes auraient été négligées dans les recherches
neurologiques s’intéressant avant tout aux neurones. Il s’avéra aussi que la Scissure
de Sylvius (une certaine partie du cerveau) avait une inclinaison
particulière, augmentant la taille de la zone du raisonnement abstrait au
détriment de la zone du langage (ce qui expliquerait qu’Einstein n’ait su
parler que très tard).
Divers
Un einstein est
une unité de mesure égale au nombre d'Avogadro fois l’énergie d’un photon
(lumière). Il existe un élément chimique : l’einsteinium.
2005 fut l’année
mondiale de la physique, mais aussi l’année d’Einstein, en commémoration du
centenaire de l’annus mirabilis.
Inventions et
brevets
Einstein fut
autre qu’un théoricien, il a aussi inventé des appareils et a déposé de
nombreux brevets en collaboration avec des amis.
En voici quelques
exemples :
Voltmètre
ultrasensible : En 1908, avec Paul Habicht, il met au point un voltmètre
capable de mesurer des tensions de l’ordre d’un dix-millième de volt. Ce «
multiplicateur de potentiel Einstein-Habicht » sera commercialisé à partir de
1912.
Réfrigérateur :
Avec son ancien étudiant et ami Leo Szilard, il crée plusieurs types de
réfrigérateurs (un système à absorption, un système à diffusion et un système
électromagnétique). Ce dernier système s’appuie sur une « pompe
électromagnétique » qui est encore utilisée pour transporter le sodium dans les
réacteurs à neutrons rapides à caloporteur sodium (2005). Les réfrigérateurs
n’ont pas été commercialisés.
Appareil de
correction auditive : Un des quarante brevets déposés avec Leó Szilárd.
Distinctions
1921 : Prix Nobel
de Physique
1931 : Prix Jules Janssen
1931 : Prix Jules Janssen
Œuvres
- Comment je vois
le monde, collection Champs 183, Flammarion, 1989 (ISBN 2-08-081183-5). Recueil
d’articles. [édition française originale Flammarion 1934].
- Pourquoi la
guerre ? (1933), Rivages, 2005, (ISBN 2743613645), avec Sigmund Freud.
- Une sélection des
œuvres d’Einstein, notamment ses articles techniques originaux, sont
aujourd’hui disponibles en traduction française commentée sous le titre Œuvres
choisies aux éditions du Seuil/CNRS éditions, dans la collection Sources du
savoir (6 volumes parus depuis 1989).
- Françoise Balibar
(ed.), Albert Einstein : physique, philosophie, politique, éditions du Seuil,
(ISBN 2020396580). Livre de poche qui contient des « morceaux choisis » issus
de la sélection précédente.
Sources @ Astrofiles.
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