Les Etoiles a Neutrons
1/ Définition
Une étoile à
neutrons est le résultat de l'effondrement d'une étoile massive en
supernova et sa masse est comprise entre 1.4 et 3 Mo, pour un diamètre
d'environ 20 Km.
La manière dont
les étoiles meurent dépend avant tout de leur masse initiale. Celle-ci est
mesurée en masses solaires (Mo).
Jusqu'à 8 Mo (on
appelle ces étoiles des "naines jaunes" et notre Soleil en fait
partie), elles évolueront en géantes rouges puis en nébuleuses planétaires, ensuite en naines blanches et enfin en naines noires
lorsqu'elles se seront totalement refroidies. Le cœur résiduel de l'étoile
morte a une masse inférieure à 1.4 Mo.
Les étoiles
massives, de plus de 8 Mo (les géantes bleues), évolueront en
supergéantes rouges puis en supernovas. La suite dépendra de la masse du cœur stellaire: si le cœur résiduel a une masse comprise entre 1.4 et 3 Mo, il
deviendra une étoile à neutrons (les pulsars en sont une variété); si
la masse du cœur est supérieure à 3 Mo, il se transformera en trou noir.
Ce sont les
objets les plus denses que l'on connaisse: le volume d'un morceau de sucre qui
serait composé de matière présente dans une étoile à neutrons pèserait 400
milliards de tonnes.
À cause de sa petite taille et cette densité élevée, une étoile à neutrons
possède à sa surface un champ de gravité environ 2×1011 fois plus
important que celui régnant sur la Terre.
Schéma montrant la
formation d'une supernova avec création d'une étoile à neutrons @jmmasuy.net
2/ Comment se forme
une étoile à neutrons ?
Le cœur d'une
étoile est une gigantesque usine thermonucléaire qui transforme de
l'hydrogène en hélium. Cette fusion thermonucléaire crée une force qui tend à
faire "gonfler" l'étoile. D'autre part, l'énorme poids de
l'étoile tend à la faire s'effondrer sur elle-même (force de
gravitation). Durant la plus grande partie de la vie d'une étoile, ces deux
forces s'équilibrent de sorte que son diamètre ne varie pas.
A un moment donné, les réserves d'hydrogène sont épuisées. La force qui tendait
à gonfler l'étoile disparaît. L'étoile s'effondre donc sous son propre poids,
elle se contracte sur elle-même. Ce faisant, la température du cœur s'élève,
ce qui permet la fusion de l'hélium récemment formé, en carbone. Lorsqu'à son
tour l'hélium vient à manquer, nouvel effondrement de l'étoile, nouvelle hausse
de température autorisant la fusion du carbone en néon. D'autres effondrements
/ réchauffements auront lieu, permettant de former de l'oxygène, silicium,
soufre, nickel ... et enfin le fer.
Chacune de ces
phases dure de moins en moins de temps ... en d'autres termes, le phénomène
s'emballe, car il se passe avec de moins en moins de noyaux atomiques, à des
températures de plus en plus élevées et à des pressions de plus en plus
intenses. Ces paramètres accélèrent toute réaction thermonucléaire ou autre.
En fait, seule la
partie très centrale du cœur, extrêmement chaude et dense est convertie en
fer, car chacune des réactions de fusions successives n'est possible qu'à
partir de certaines conditions de température et de densité. Par conséquent,
les fusions nucléaires ont abouti à lui donner une structure en pelure
d'oignon:
Structure en pelure
d'oignon. Les différentes couches concentriques correspondent à des
réactions de fusion différentes. Les couches externes brûlent de l'hydrogène (H)
pour former de l'hélium (He), dans la couche suivante, c'est l'hélium qui se
transforme en carbone (C), puis c'est de l'oxygène (O) qui est formé, et en se
rapprochant encore du coeur, on trouve des éléments de plus en plus lourds : du
néon (Ne), du sodium (Na), du magnésium (Mg), du silicium (Si), du soufre (S),
du nickel (Ni), du cobalt (Co) et enfin du fer (Fe).
Beaucoup trop
stable, le fer est incapable de fusionner. La fusion nucléaire du fer nécessite
en effet plus d'énergie qu'elle n'en crée (réaction dite "endothermique"):
le fer est "inerte" du point de vue thermonucléaire. Le coeur
stellaire continue donc à accumuler le fer sans générer aucune énergie pour
compenser l'énorme gravité qui le comprime: le coeur se compacte et
s'échauffe de plus en plus.
Lorsque le cœur atteint la masse critique de 1,4 Mo, appelée limite de
Chandrasekhar, il devient instable et s'effondre sur lui-même, pratiquement en
chute libre, en un dixième de seconde.
En effet, brutalement, la pression de dégénérescence électronique est
insuffisante pour arrêter l'effondrement gravitationnel. Seule la
pression de dégénérescence des neutrons y parviendra. Pour des détails sur ces
points, voir: la limite de Chandrasekhar.
En chiffres, cela
donne:
● Le cœur passe d'un diamètre de 5.000 Km à 30 Km de manière quasi instantanée!
● La densité dépasse les 250 millions de tonnes par centimètre cube.
● La température atteint 6 milliards de degrés.
● Le cœur passe d'un diamètre de 5.000 Km à 30 Km de manière quasi instantanée!
● La densité dépasse les 250 millions de tonnes par centimètre cube.
● La température atteint 6 milliards de degrés.
Deux événements se sont passés au cours de cet effondrement: la photodissociation
du fer et la conversion des protons en neutrons.
Photodissociation
du fer:
La température
ambiante est telle que les photons, particules de lumière piégées dans le
plasma, acquièrent une énergie telle qu'ils peuvent briser les noyaux de fer:
ce sont des photons "gamma". Un noyau de fer est cassé en 13
noyaux d'hélium, plus 4 neutrons.
Conversion des
protons en neutrons:
Les noyaux
atomiques sont au contact, au lieu d'être très distants comme dans la matière
ordinaire. La densité est si élevée que les électrons pénètrent dans les
noyaux, et convertissent leurs protons en neutrons, libérant, au passage,
un neutrino. Les neutrinos jouent un rôle important dans l'effondrement du cœur stellaire.
Le cœur stellaire est devenu une boule de neutrons d'une trentaine de kilomètres de
rayon qui occupe le centre de l'étoile: ce sera la future étoile à
neutrons. Au cœur de l'étoile, les neutrons sont comprimés les uns contre les
autres et offrent ainsi une force s'opposant à la force compressive de la
gravité. Cette force s'appelle la pression de dégénérescence des neutrons.
Ainsi, le cœur ne peut se comprimer davantage et un rebond se produit: une onde
de choc se propage vers l'extérieur de l'étoile.
Pendant ce temps, une
"dépression", un "vide" s'est créé entre le noyau
brutalement condensé et les couches externes de l'étoile. Les couches externes
se précipitent vers le coeur à la vitesse de 50.000 Km/sec.
La rencontre entre les couches externes qui tombent et l'onde
de choc est si violente qu'une combustion nucléaire explosive a
lieu dans l'enveloppe, synthétisant les éléments lourds que le fer, comme l'or,
le zinc, le mercure, l'argent, le plomb ou l'uranium... En effet, jusqu'à
présent, la nucléosynthèse était bloquée au noyau de fer... Les éléments plus
lourds que le fer qui sont maintenant synthétisés ne représentent que 0,1 % de
la masse totale éjectée, c'est bien peu, et pourtant, que serions-nous sans eux
?
Finalement, on se
retrouve avec un cœur stellaire transformé en étoile à neutrons
stable et une enveloppe qui a explosé. Les débris sont éjectés avec
une vitesse pouvant dépasser 10.000 Km/sec, créant ainsi un des phénomènes les
plus lumineux connus: la supernova. Elle va briller d'une lumière
extraordinaire, comme cent galaxies réunies pendant une brève période, puis
restera plus brillante qu'une galaxie pendant les trois à quatre premiers mois
de son existence.
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